Avant de vendre ma Luxman PD-284, je lui ai fait un examen complet.

J'ai commencé par regarder à l'intérieur :



Il y a un étrange mélange de vis à bois et de vis à métaux pour fixer la plaque de fond en isorel.
Je ferai une photo du fond avec la plaque en place, c'est amusant le transfo qui est sous un capot en plastique chiné dépasse en dessous.

Quelques informations utiles :



C'est un électro-aimant qui actionne le lève-bras en fin de disque.

J'ai donc disposé la platine sur un établi à platines de ma fabrication :



Et j'en ai profité, entre autres, pour examiner la tension redressée filtrée sur le condensateur d'alimentation, un Nichicon comme pas mal d'autres dans cette platine.
Le zéro :




La tension en fonctionnement (un peu moins de 20 V) :




La tension dans la phase d'accélération quand on passe de 33 à 45 tours par minutes :




Histoire de tordre le cou au mythe du changement systématique des condensateurs (une variante du fameux précepte "bats ta femme tous les matins, si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait").

Après avoir vérifié le bon réglage de l'arrêt automatique et corrigé un petit défaut sur le verrouillage en position basse du lève-bras, j'ai installé une cellule Linn K5 que j'avais dans mon tas de cellules.



Résultat peu convaincant, mais je n'ai aucune certitude sur cette cellule d'occasion que je n'ai jamais utilisée auparavant.
Néanmoins elle doit présenter une compliance trop faible pour le bras aussi gracile et peu inerte de la PD-284.

Voici quelques photos supplémentaires :

Comme promis le dessous de la platine :



Le transfo dépasse en dessous, amusant non ?

La platine sans le plateau :



Le dessous du plateau :



Ce plateau est une belle pièce de fonderie, l'essentiel de la masse est répartie à la périphérie ce qui garantit un moment d'inertie considérable.
Le moteur d'entraînement direct présente un couple faible.
C'est une solution technique qui est parfois retenue sur du très haut de gamme à entraînement direct. L'argument (pertinent) c'est qu'un moteur à fort couple transmet plus brutalement ses à-coups de couple au plateau tout en ébranlant sévèrement le socle.

Je vais l'essayer avec une cellule Grado G :



Pour voir si c'est plus adapté et si cette cellule ne ronfle pas sur cette platine (c'est le problème majeur des cellules Grado).
Visiblement la Grado est plus légère de 0.4 g que la Linn K5 (différence de réglage du contre-poids).

Oui, la cellule ronfle, mais il faut tourner le bouton de volume à fond sans poser la cellule sur le disque pour entendre le ronflement.
Dans ces conditions on n'entendrait pas longtemps du ronflement en laissant descendre la cellule, soit parce qu'on aurait détruit les enceintes, soit parce qu'on serait devenu sourd.
En situation d'écoute normale le ronflement est inaudible.

Petite précision : le plateau fait 1510 g avec le tapis.

Et sans le tapis ?   

J'ai essayé deux cellules Grado sur cette platine, celle qu'on voit sur la photo est une G de trente ans au moins avec un diamant gold probablement d'origine (vérifié au microscope par mes soins) et une GF3 du même âge sans doute avec diamant red neuf récent que j'ai acheté chez maplatine.com.
J'aime beaucoup la restitution sonore qu'offrent ces deux cellules.
Sur le genre de musique que j'écoute je trouve que c'est une bonne option.

Petite remarque, passer une brosse nettoyante sur ce genre de platine est un plaisir, le large bord du plateau permet de le faire tourner à la main et l'absence de suspension évite qu'il ne frotte intempestivement contre le socle.
Autre détail remarquable, les instruments ne se promènent pas d'un côté à l'autre en cours de lecture, ce qui est révélateur d'un bras efficace en accord avec la cellule et d'une bonne maîtrise de l'antiskating.

La PD-284 va partir dans quelques jours.
Au bilan voici ses points forts :
- le plateau est de toute beauté avec une jante épaisse qui ne fait pas cloche ;
- le couvre-plateau a un grip de qualité supérieure ;
- le bras est exempt de friction dans les deux axes, sa faible masse le spécialise plutôt pour les cellules souples ;
- le dispositif de relevage en fin de disque est efficace et se fait sans détection mécanique ;
- les charnières du couvercle maintiennent bien le capot ouvert.

Et ses faiblesses :
- le réglage du point d'arrêt se fait à l'intérieur avec démontage de la platine ;
- la tourelle qui reçoit le bras est en plastique ;
- le médium qui constitue le socle est léger, ça fait un peu "on a rogné sur ce poste là" ;
- la régulation du moteur n'est pas basée sur un quartz ce qui fait que la vitesse n'est pas rigoureusement stable dans la durée, mais le moteur fait bien son travail.

Dernière info : le contre-poids pèse 78 grammes.

Au final quand même une bonne platine dans laquelle l'essentiel est de bonne qualité.
L'évolution qui apporterait quelque chose à cette platine consisterait à transplanter toute la mécanique dans un socle plus rigide.
J'aurais peut-être fait ça si je l'avais gardée.
J'ai acheté cette platine il y a six ou sept ans, à l'époque où je n'en avais pas autant que maintenant, mais je n'y avais pas accordé l'attention qu'elle méritait et elle attendait patiemment sur une étagère que je la réveille.
C'est à l'occasion de la préparation que je lui ai faite pour la vente que j'ai vraiment fait sa connaissance.